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Comment parler encore d’Hélène en 2022 ? HÉLÈNE MOREAU ET OLIVIER BRAUX
Prototype de l’épouse infidèle et du scandale domestique, argument idéal pour le vaudeville, Hélène, la trop belle captive de Troie, porte aussi, inscrits dans les profondeurs de son nom, le drame, la perte, la dévastation. Elle est née pour perdre les vaisseaux, les hommes, les villes. D’elle procèdent les flots de sang versés pour la plus grande guerre de l’histoire mythique. Réputée fille de Zeus, métamorphosé en cygne, et de Léda, elle est plutôt, au témoignage des tragiques, fille de Némésis, c’est la « mariée de mort », l’Érinye acharnée à une destruction sans limites.
Ses apparitions du palais de Sparte aux remparts de Troie, ou dans l’épisode de son séjour en Égypte, sont des spectacles fameux, des théophanies ; aussi est-elle dès l’enfance cernée ; enlevée dès douze ans par Thésée, elle demeure une proie, dépossédée d’elle-même, sans cesse arrachée aux siens, vouée au mépris, aux injures, aux mises en accusation et à une détestation quasi générale.
Une femme fatale en somme ? Ou l’incarnation absolue de la Beauté ? Loin de nous enfermer dans ces stéréotypes, nous tenterons, à l’aide d’œuvres musicales – de Monteverdi à Strauss, sans oublier Offenbach – et de quelques-unes des innombrables œuvres poétiques et littéraires qui depuis Homère répètent l’inexorable fascination qui émane d’elle, d’approcher humblement de sa souveraine beauté, de son mythe, de son mystère.