Par Céline Frigau
La mer Rouge en rébellion et le choc des contre-monde
Rituels, prières et prodiges infusent la matière musicale et dramatique de Moïse et Pharaon de Rossini. Les effets propices au spectaculaire s’y succèdent. Arc-en-ciel, buisson ardent, plaie des ténèbres, statue brisée, passage de la mer Rouge, autant d’interventions divines par lesquelles le peuple hébreu en exil peut espérer se libérer du joug de l’esclavage. Face à lui, un pouvoir égyptien aveugle à ses tourments et sourd aux injonctions de son propre peuple.
Ainsi un opéra volontiers qualifié d’« oratorio » au temps de sa création peut-il révéler une charge politique puissante. Nous en explorerons les enjeux tout en reconstituant les conditions de création de l’œuvre sur la scène parisienne de l’Académie royale de Musique en 1827. Car Moïse et Pharaon n’est ni la traduction ni la simple adaptation de Mosè in Egitto. Mais pourquoi porter à la scène un sujet dont la mise à la scène a posé tant de difficultés, de la première napolitaine du Mosè en 1818, jusqu’à sa création parisienne de 1822 ?
Enregistrement de la conférence dans À voir et À revoir 2022